Conseil municipal 23 mai 2020

Madame Dellac, vous commencez à m’agacer !

Le conseil d’installation du nouveau conseil municipal a montré un Xavier Lemoine conforme à lui-même. Il n’accepte toujours pas la contradiction et le débat public. Il ne fait pas bon lui rappeler sa responsabilité dans la situation très dégradée de l’hôpital de Montfermeil. Menaçant, exerçant un véritable chantage politique infantile (soyez gentil avec moi et je serai gentil avec vous), pour lui, le débat confine au monologue. Et la démocratie à l’absence de pluralisme comme en témoigne à nouveau son refus d’élire un représentant de Montfermeil autrement au conseil de territoire Grand-Paris-Grand-Est. Sinon, rien à signaler, sauf une défection dans ses rangs : quel est le membre de la majorité qui a osé ne pas voter Xavier Lemoine pour le poste de maire ? Un déçu qui escomptait une place de maire-adjoint et ne l’a pas eue ?

Discours de Dominique Dellac


Nous nous réunissons ce matin dans des conditions particulières imposées par la pandémie.

Le covid-19 va continuer d’impacter nos vies tant qu’aucun vaccin n’aura raison de la brutalité et de l’horreur de ce virus.

Je souhaite faire part de toute notre compassion aux familles montfermeilloises dramatiquement endeuillées ou touchées dans leurs vies ; et rendre hommage également aux équipes soignantes de l’hôpital de Montfermeil et aux professions médicales et para médicales mais aussi aux équipes de nettoyage, aux brancardiers, aux ambulanciers, qui ont œuvré avec détermination, sang -froid et courage.

Mes pensées vont également aux deux anciens maires de Montfermeil, Michel Rosenblatt et Gilles Guimet, tous deux décédés à moins d’une semaine d’intervalle du coronavirus. C’est pourquoi, je vous propose, Monsieur le Maire, que le Conseil municipal respecte aujourd’hui une minute de silence en leur mémoire.

Le Covid-19 va continuer également d’impacter nos institutions pour une durée indéterminée.

Il a déjà marqué le résultat des élections municipales. Personne ne peut dire avec précision quelle a été l’influence de l’épidémie sur la participation électorale, mais une chose est sûre : elle a contribué à un taux d’abstention record, qui a franchi la barre des 65% à Montfermeil.

Notre démocratie « représentative » est basée sur l’expression populaire lors des scrutins.

Mais qu’en est-il de sa légitimité lorsqu’une majorité d’électeurs ne se rend pas aux urnes et lorsque les élus ne représentent qu’une faible partie de la population ? Ainsi, qu’en est-il de la légitimité de notre conseil municipal, alors que nous représentons moins de 35% des Montfermeillois inscrits sur la liste électorale ? Comment pouvons-nous prétendre représenter l’ensemble des Montfermeillois ?

Qu’en est-il de votre légitimité, Monsieur le maire, alors que moins de 20% des électeurs montfermeillois ont voté pour vous ? Moins d’un électeur sur cinq a exprimé son accord avec votre politique. Et si l’on prend en compte le nombre de Montfermeillois non inscrit sur la liste électorale, cette adhésion est encore plus faible. Aujourd’hui, vous disposez du pouvoir de décision, mais pas de sa légitimité populaire.

Comment ne pas voir que notre démocratie « représentative » est à bout de souffle et qu’elle a besoin d’être revivifiée ? I

ll vous revient à présent, Monsieur le maire, d’asseoir la légitimité de vos décisions sur une démocratie participative ambitieuse, qui associe en permanence les Montfermeillois à la construction et à la mise en œuvre d’un projet partagé.

Pour notre part, nous sommes prêts à participer à cette construction, avec nos analyses, nos idées et nos propositions.

Le covid-19 ne s’est pas contenté de troubler la règle de la démocratie représentative.

Il a aussi mis à mal les dogmes libéraux qui depuis 40 ans régissent l’économie et les décisions politiques.

Et notamment celui de la réduction de la dépense publique. Pendant des décennies, ce dogme a sévi dans le domaine sanitaire avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui : pénurie de lits d’hôpitaux, d’agents hospitaliers, de masques, de test… L’hôpital de Montfermeil a été victime de cette politique, à un tel point qu’il doit être, selon vos propres écrits, Monsieur le maire, entièrement reconstruit. Mais tous ceux qui ont participé à la mise en œuvre de ces politiques en portent une part de responsabilité.

Ce dont les personnels hospitaliers ont besoin, ce n’est pas d’une médaille de héros, encore qu’ils le méritent, mais de la revalorisation substantielle de leur salaire. Ce dont l’hôpital public a besoin, ce n’est pas d’applaudissement, même s’ils manifestent une belle solidarité, mais d’investissements massifs et de recrutements.

Le président de la République semble aujourd’hui découvrir ce que nous disons depuis longtemps : la santé n’est pas une marchandise ; elle doit être placée hors des lois du marché, hors du profit. Nous attendons que les actes suivent les paroles.

Ce que le covid-19 a également mis au grand jour, c’est l’extrême pauvreté, l’extrême précarité d’un grand nombre de nos concitoyens. La situation était connue, mais la crise sociale engendrée par l’épidémie et le confinement, l’a exacerbée.

Avant cette crise, l’INSEE indiquait que 25% des Montfermeillois vivaient sous le seuil de pauvreté. Cela représentait 6 500 personnes. Combien sont-ils aujourd’hui ? Combien seront-ils demain ? Au-delà des chiffres, ce sont des familles, souvent monoparentales, des enfants, des personnes âgées en souffrance ; qui doivent souvent choisir entre manger et payer leur loyer.

Durant le confinement, nombreux sont ceux qui se sont évertué à en réduire les conséquences humaines pour les habitants les plus pauvres.

Les collectivités territoriales ont organisé des distributions de denrées alimentaires, de masques… A ce sujet, je vous rappelle notre courrier du 4 mai où nous vous demandions de nous informer des initiatives de la Ville et de la situation locale. Courrier toujours sans réponse à ce jour.

Des initiatives associatives et solidaires comme celle de l’ACCM, qui distribue 300 repas par jour, de « un Panier pour Tous », des Restaus du cœur distribué par Arrimages, de la paroisse, ou individuelles ont également vu le jour.

J’ai personnellement été à l’initiative de la création d’une antenne du Secours Populaire Français pour distribuer des colis alimentaires aux familles de Montfermeil. En deux mois, nous sommes passés de 32 familles à 120 familles, représentant près de 450 personnes. Une trentaine de bénévoles sont d’ores et déjà impliqués dans cette action solidaire.

Il ne s’agit évidemment pas d’entrer dans une concurrence indécente pour savoir qui fait le plus, mais notre rôle n’est-il pas d’encourager les initiatives solidaires et de mettre les moyens matériels et financiers à la hauteur de l’ampleur des besoins ? Et pas seulement pour une action ponctuelle, mais dans la durée et de manière pérenne. C’est le sens du courrier que je vous ai adressé le 17 avril, Monsieur le maire, demandant que la Ville mette à disposition un local permettant le stockage et la distribution d’aliments.

Le confinement et la fermeture des écoles ont également mis en évidence une réalité : de nombreux enfants ne font qu’un seul vrai repas chaud par jour, celui qui leur est servi à la cantine. Mais, à Montfermeil, les tarifs et les conditions d’accès à la cantine scolaire sont véritablement dissuasifs et de trop nombreux enfants en sont privés. Aussi, nous vous demandons de revoir complètement les conditions d’accès et les tarifs de la restauration scolaire afin que tous les enfants de Montfermeil puissent y manger, quels que soient les revenus et la situation de leurs parents.

Enfin, concernant l’élection des conseillers territoriaux à Grand Paris Grand Est, nous vous avons proposé de constituer une liste commune. Composée à la proportionnelle du résultat des élections municipales, cette liste unique aurait respecté le pluralisme de notre conseil municipal et permis à l’un des élus de Montfermeil autrement de siéger dans cette instance qui gère de nombreuses compétences décisives pour notre ville afin que la diversité montfermeilloise puisse s’y exprimer.

Vous y opposez une fin de non-recevoir. Cela ne nous étonne malheureusement pas. Elle est à l’image de votre conception de la démocratie.

Je vous remercie de votre attention.