Réforme des retraites : tous perdants

Alors qu’Edouard Philippe réunissait ses ministres dimanche pour s’accorder sur des « éléments de langage », la réalité frappe à la porte : nous serons très nombreux à rejoindre les syndicats ce jeudi 5 décembre pour rejeter le projet de « réforme » des retraites que veut imposer ce gouvernement. Car tous les secteurs d’activité sont concernés : le privé comme le public, les ouvriers comme les cadres, les femmes, les précaires, les jeunes, les salariés affiliés au régime général comme ceux dépendant de régimes spéciaux et les non-salariés feront les frais de cette réforme. En bref : tous égaux pour travailler plus aujourd’hui et toucher moins demain !

Universalité, égalité, justice ?? LREM cherche à faire dire leur contraire à ces mots… Ce qui était possible en 1945 au sortir de la guerre, l’est encore et toujours, sous des formes différentes : car si le nombre de retraités a augmenté, la création de richesses a quadruplé en 40 ans. Il faut taxer les revenus financiers (298,8 Milliards d’€ en 2018 selon l’INSEE) alors que salaires et pensions sont soumis à de multiples impôts : CSG, CRDS, CASA et impôt sur le revenu.

Tout cela constituerait un « bon en arrière civilisationnel […] alors que la productivité du travail et la valeur des richesses produites continuent d’augmenter » comme le souligne Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, dans le seul but de satisfaire l’appétit de profits du capital financier et notamment des fonds de pension.

En limitant la part des retraites à 14 % du PIB, alors même que le nombre de retraités va augmenter de 9 millions d’ici à 2070, la réforme limitera mécaniquement la part qui reviendra à chacun. De plus, le calcul du montant de la pension ne sera plus calculé sur la dernière période d’activité mais sur l’ensemble de la carrière, ce qui pénalisera tout le monde et a fortiori les femmes et les jeunes, plus confrontés à la précarité et aux temps partiels.

Une autre réforme des retraites est possible, fondée sur la répartition des richesses, la création d’emplois et la justice fiscale.

Vivre plus longtemps devrait être un progrès ; pour le gouvernement c’est un boulet.

Dominique Dellac