Cultivons la jeunesse et offrons-lui un avenir
Une œuvre cinématographique parfaitement maitrisée de bout en bout, prix du Jury à Cannes et sélection française pour les Oscars. Un film rare qui n’a rien d’un énième docu-fiction pétri de clichés sur la banlieue et qui n’oppose pas les uns aux autres mais montre la complexité du réel et alerte sur le futur proche. Je ne vais pas refaire les critiques excellentes qui ont accueilli le film de Ladj Ly à Cannes et l’accueillent à nouveau aujourd’hui. Juste dire qu’il faut absolument voir ce film bouleversant à tous points de vue et qui appelle à la réflexion.
Je me contenterai de reprendre ce portrait du Gavroche de Victor Hugo qui vaut pour aujourd’hui : « Il a de 7 à 13 ans, vit par bandes, bat le pavé, loge en plein air (…), court, guette, quête, perd le temps, jure comme un damné, connaît des voleurs (…), parle argot et n’a rien de mauvais dans le cœur. C’est qu’il a dans l’âme une perle, l’innocence, et les perles ne se dissolvent pas dans la boue », tel était le portrait de Gavroche par Victor Hugo. Les Gavroche d’aujourd’hui n’ont rien à envier à leurs ancêtres. » (cité dans le journal L’Humanité ce matin). Mais pour que ces gamins d’aujourd’hui croient en un avenir pour eux, il faut leur offrir les moyens de grandir : découvrir, expérimenter, questionner et s’interroger en retour. Accrocher des étoiles dans leurs yeux pour leur ouvrir les portes d’un avenir choisi et non subi.
C’est cela même que Ladj Ly questionne aujourd’hui, en cette Journée internationale des droits de l’enfant, dont on fête aujourd’hui les 30 ans, et encore si mal appliquée, ici même à Montfermeil où le droit à l’éducation n’est pas reconnu par le maire – combien d’enfants ne sont pas scolarisés aujourd’hui ? – et en France, où l’Etat, avec la loi Asile et immigration, est prêt à expulser des mineurs non accompagnés.
Quant à la piètre récupération politique d’E. Macron dans le JDD ce dimanche, appelant le gouvernement à « trouver des idées » pour améliorer les conditions de vie des banlieues, c’est, une fois de plus, un scandale. Les idées, elles sont là, ici même. Pas besoin de les trouver, elles existent. Et quand ce gouvernement supprime par exemple les emplois aidés, coupe les financements des associations de terrain et refuse d’appliquer le droit commun à notre département, assèche les finances… Oui, la colère est là.
« Il n’y a pas de mauvaise graine ni de mauvaise plante, il n’y a que des mauvais cultivateurs ». Le film de Ladj Ly se clôt sur cette phrase de Victor Hugo. Tout est dit. Cultivons notre jeunesse. La porte est ouverte. Il faut la pousser.
Dominique Dellac